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17 juin 2020

Lancement du master création musicale et arts sonores

L’INA lance à la rentrée de septembre 2020, en partenariat avec l’Université Gustave Eiffel, un master ambitieux et inédit en création musicale et arts sonores. Ce master ouvre à des métiers divers dans la création musicale où s’allient outils technologiques et instruments de musique dans une approche artistique innovante. Qu’est-ce qui attend les futurs étudiants de cette première promotion ?


largeInterview de Nicolas Debade, coordinateur pour l’INA du Master Création Musicale et arts sonores, docteur en sciences de l’art et sociologie, spécialiste des musiques expérimentales et musicien.  


Faut-il être musicien pour postuler à ce diplôme ?  Ou pour formuler autrement, quelle pratique musicale est attendue pour postuler à ce diplôme ?

Nicolas Debade : Oui, on axe ce diplôme de master vers des personnes ayant déjà une activité artistique en lien avec la musique ou les arts sonores comme l’intitulé du diplôme l’indique. Notre but est d’accompagner les étudiants vers la professionnalisation de cette activité de création.  On vise des personnes déjà engagées dans un désir de créer, d’expérimenter et de participer à cette recherche toujours plus passionnante de nouveaux univers sonores inexplorés !


Dans la présentation des conditions d’admission vous demandez « pratique musicale ou sonore indispensable ». Quelle différence faites-vous entre les deux ?

Nicolas Debade : Que ce soit pour le diplôme ou historiquement pour le GRM : aucune différence ! Le GRM, par l’impulsion de Pierre Schaeffer et de la création de la musique concrète, a grandement participé à l’introduction du sonore dans le monde musical. Ce que nous cherchons à exprimer ici, c’est justement cette ouverture à des profils venant à la fois d’une approche plus traditionnelle de la musique, qu’elle soit instrumentale ou vocale par exemple jusqu’aux musiques électroniques ; en étant à la fois ouverts à des pratiques complémentaires, plus proches de ce qu’on pourrait appeler les arts sonores : la création radiophonique et les installations sonores, ou encore l’informatique musicale, la production musicale ; un ingénieur du son souhaitant orienter sa pratique vers la création peut aussi candidater par exemple.


Autrement dit, on parie sur une complémentarité des étudiants d’une même promotion pour générer une synergie et une stimulation réciproque.


A quels métiers destine ce master ? Fait-il écho au développement de nouveaux métiers dans la création sonore en demandent actuellement ?

Nicolas Debade : Nous avons axé ce master vers la création, la composition. Parler des « métiers de la création » laisse un vaste choix d’applications possibles dans le champ musical et sonore. A la fois elle se démocratise, de plus en plus de personnes souhaitent la pratiquer et donc, il y a de plus en plus de demandes et d’offres.

En effet, la création sonore, au même titre que la création audiovisuelle est en plein essor à l’heure actuelle et voit de nouveaux métiers émerger de manière constante.

Plus concrètement, on souhaite accompagner chaque étudiant dans son envie, ses affinités et opportunités en lui offrant l’accès à nos savoirs, savoir-faire et à la tradition de la création liée à « l’esprit GRM », à la fois par des enseignements animés par des membres du groupe mais également des professionnels, compositeurs et artistes proches de nous qui interviendront dans des cours et des master-classes.

Concernant les débouchés, cela va bien entendu de composer ses propres œuvres présentées en concerts ou sur disque, de travailler avec d’autres créateurs pour le spectacle vivant (danse et théâtre), dans le cadre de la production musicale en studio ou le sound design, ou d’autres débouchés moins directs comme l’enseignement de la musique, ceux qui sont plus à l’aise avec la technique … Bien entendu, de nombreux débouchés sont possibles, en fonction des trajectoires de carrières initiées par les stages.

De plus, l’Université Gustave Eiffel, notamment en musicologie, possède un taux d’insertion de plus de 85 % et la dernière étude à INAsup démontre un taux d’insertion de 90 % chez les diplômés en master. Ce qui est plutôt encourageant.

Par ailleurs, c’est un master (BAC+5), avec une dimension « recherche-création » assez fortement exprimée. Cela signifie qu’après les deux années d’études, les étudiants auront également la possibilité de continuer leur travail de recherche vers un doctorat (initié par la rédaction d’un mémoire lors de la deuxième année de master 2).


Quels sont les temps forts qui vont rythmer cette année ?

Nicolas Debade : Cette première année sera rythmée par les cours et les partiels bien entendu ! Les cours se répartiront donc entre le campus Descartes (à Champs-sur-Marne) de l’Université Gustave Eiffel et une fois par semaine, une journée de travail à INAsup.

Du côté des enseignements dispensés par l’INA GRM, il y aura des cours théoriques, techniques et pratiques, avec des intervenants extérieurs, des professionnels et des artistes proches du GRM pour transmettre leur approche de l’écriture de son, de l’écoute. Ce qui veut dire que nous demanderons aux étudiants de travailler leurs propres pièces et qu’ils auront des échanges avec des professionnels sur leur travail d’un point de vue artistique et technique jusqu’aux partiels, Les professionnels seront là pour évaluer la pertinence de leur travail, mais aussi sur leur manière de le présenter, le défendre.

Au-delà des cours, nous envisageons d’organiser des master-classes avec des artistes, compositeurs et compositrices puisque le partage de sensibilité et également la transmission d’un désir de création toujours présent après une vie dédiée aux mondes du sonore et du musical sont de grandes inspirations pour tous.

Par ailleurs, nous les encouragerons à déployer leur pratique, même pendant la formation à travers des opportunités pouvant se présenter à eux ou qu’on pourrait leur relayer, que ce soit des appels à projets, des résidences d’artistes.  Cela participe également à la vie professionnelle d’un jeune artiste pour façonner sa propre pratique et également diffuser son œuvre.  

original

Quels artistes ou créateurs vous ont inspirés dans la composition de l’enseignement ?

Nicolas Debade : On va aller directement à l’évidence en citant Pierre Schaeffer ! Il a tellement fait pour la musique électroacoustique, que ce soit pour la théoriser avec ses ouvrages de référence comme le Traité des objets musicaux ou le Solfège de l’objet sonore qui sont à l’origine de toute la tradition pédagogique du GRM.

Il a donc fallu s’inscrire dans cette tradition en essayant bien entendu de l’actualiser et de répondre aux enjeux actuels qu’ils soient pédagogiques, technologiques et esthétiques. On a aussi regardé ce qui se faisait dans d’autres pays avec des démarches hybrides entre écoles d’arts, conservatoires et universités.

Et de ce fait, nous nous inscrivons dans l’évolution esthétique des musiques expérimentales également défendue par le GRM, et l’idée est d’intégrer cette évolution dans l’évolution des pratiques enseignées.  

En tout cas, lors des portes ouvertes INAsup, j’ai pu échanger avec de jeunes étudiants qui étaient intéressés et avaient une pratique du son, pouvant à la fois se revendiquer d’une tradition en citant par exemple la compositrice Eliane Radigue (qui a été étudier auprès de Schaeffer et a été l’assistante de Pierre Henry), tout en mixant une pratique de la musique ambient par exemple. Cela est complètement en phase avec le GRM d’aujourd’hui : une continuité dans la tradition GRM, une évolution des pratiques expérimentales et un décloisonnement entre les scènes musicales.


Le master s’est associé à l’Université Gustave Eiffel ? Comment vont se partager les enseignements ?

Nicolas Debade : Comme nous l’avons déjà dit un peu plus tôt, des cours théoriques et méthodologiques seront enseignés par l’Université Gustave Eiffel. L’INA GRM organise une Unité d’Enseignement par semestre, qui enseignera les techniques et pratiques dans le cadre de la création. Au-delà de la pratique en elle-même, nous réserverons également une place importante à l’écoute, puisque comme le signalait déjà Schaeffer, le « faire et l’entendre » sont étroitement liés !

En résumé, on enseignera comment faire de la musique, organiser et écouter les sons, en parler, les décrire.


Quel est la philosophie de ce diplôme, dispensé pour partie par le GRM, le Groupe de Recherches Musicales, fondé par Pierre Schaeffer en 1958 ?

Nicolas Debade : Nous favorisons l’esprit d’expérimentation et de créativité, avec méthode, application, passion et désir, tout cela au service du musical et du sonore.


La cantine est-elle bonne ?

Nicolas Debade : Bonne question. Le GRM est à Paris et nous profitons de la cantine de la Maison de la Radio, alors que le siège de l’INA et INAsup sont à Bry-sur-Marne, où les étudiants et les salariés peuvent se croiser au self. Le drame est que je n’ai encore jamais mangé à la cantine de l’INA ! Quand je suis dans les locaux d’INAsup à Bry, je privilégie la cafétéria pour manger une salade ou un sandwich sur le pouce (plutôt pas mal, en plus il y a quelques espaces verts à proximité, ce qui est assez sympathique). J’en profite donc pour vous retourner la question : la cantine est-elle bonne ? 


 Pour en savoir plus et vous inscrire, rendez-vous sur la page du diplôme.

Crédits photos :

  • Portrait de Nicolas Debade par Pierre Gondard
  • Photos en situation par Didier Allard, INA